15 Jul Chemsex.be, un site pour informer et réduire les risques liés à la consommation de drogues en contexte homosexuel
Chemsex.be, « Drogues et sexe entre hommes » est un nouveau site d’information et de réduction des risques pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et pour les professionnel·le·s en contact avec ces publics.
Financé par la Commission communautaire française (COCOF), ce site est le fruit d’une collaboration entre l’Observatoire du sida et des sexualités et Ex Æquo, avec le concours d’acteur·ice·s scientifiques, associatif·ve·s et communautaires, issu·e·s des secteurs de la santé sexuelle, de la promotion de la santé et du domaine de l’usage de drogues et des assuétudes. En outre, l’Observatoire et Ex Æquo se sont appuyés sur le travail et l’expérience du Terrence Higgins Trust (THT), la principale association de lutte contre le VIH/sida au Royaume-Uni.
Le chemsex, la consommation de drogues en contexte sexuel, nouveau défi pour la communauté gay
Plusieurs études internationales mettent en évidence que les gays consomment en général plus de substances psychotropes que la population générale. Cet usage se déclinant aussi bien sur les substances légales (alcool, tabac) que les substances illicites a depuis longtemps, fait partie des pratiques sexuelles et sociales à travers lesquelles les liens sociaux homosexuels et la communauté se sont forgés.
Cependant, ont émergé récemment des pratiques associant prises de nouveaux produits de synthèse (GHB/GBL, kétamine ou 3MMC-4MEC) en contextes sexuels, désignées par le vocable « chemsex » (pour chemical-sex). Les substances utilisées sont de types hallucinogènes, psychostimulantes, surtout empathogènes – elles donnent l’impression de pouvoir ressentir à la place de l’autre – et entactogènes – elles amplifient les effets du contact physique. Les usagers les combinent avec d’autres drogues en fonction d’une temporalité particulière : rapport sexuel, détente, discussion, consommation, rapport sexuel…
Ce phénomène préoccupe des chercheur·se·s et professionnel·le·s pour au moins quatre raisons : 1) l’apparition de consommation par injection dans des réseaux et chez des profils d’individus chez qui elle était rare; 2) la circulation de certains produits (crystal meth, méphédrone, 3MMC) en lien avec des pratiques sexuelles intenses; 3) la réorganisation des rencontres sexuelles par l’intermédiaire d’applications géolocalisées 4) l’augmentation de problèmes de santé (recrudescence des infections sexuellement transmissibles), de santé mentale (dépression, désocialisation) et de dépendance sévères, débouchant, dans certains cas, sur des overdoses et des suicides.
Bien que difficilement quantifiables (en fonction des recherches, cela toucherait entre 10 et 20% des gays), le chemsex suscite une certaine « panique morale ». Certain·e·s professionnel·le·s évoquent « une bombe à retardement de santé publique » faisant planer un voile d’angoisse qui n’est pas sans rappeler les représentations médiatiques de la crise du sida dans les années 80 : solitude, isolement, corps marqués, violence et mort.
Ce contexte donne un souffle particulier à des discours et des approches dont on connaît les limites : prohibition, interdiction, mais aussi au jugement moral sur les usagers et leurs pratiques, jugées extrêmes et déviantes qui vient s’ajouter aux nombreuses discriminations dont sont victimes les hommes homo ou bisexuels.
L’émergence des pratiques de chemsex appelle les associations communautaires, les professionnel.le.s de la santé, les chercheur.se.e et les acteur·ice·s de prévention dans le domaine de la santé sexuelle, de la réduction des risques et des assuétudes à renforcer leurs collaborations et leurs connaissances afin de développer des services et des réponses adaptées.
« Sexe sous prods, party & play, chemsex, slam » : une recherche en cours à Liège et Bruxelles
L’Observatoire du sida et des sexualités mène actuellement, dans la continuité d’une recherche exploratoire quantitative en 2017, une étude qualitative par entretiens à Liège et à Bruxelles afin de cerner la manière dont les pratiques de consommation de drogues s’insèrent dans des contextes sociaux et, des parcours de vie, notamment sexuelles. Comment, et selon quelles normes et rapport au risque, les nouveaux modes de consommation se propagent à travers les communautés homosexuelles.
Le site Chemsex.be
Ce site internet s’inscrit dans le dispositif d’accompagnement mis en place par le réseau bruxellois sur le chemsex, coordonnée par Ex Æquo.
Le site Chemsex.be a fait l’objet d’une consultation communautaire et scientifique visant à proposer une information non jugeante au plus proche des besoins des hommes homosexuels consommant des produits en contexte sexuel. Le site vise à diffuser une information contribuant à une réduction des risques liés à cette consommation. Sa construction devrait permettre, d’un côté, de mieux répondre aux besoins des hommes qui souhaiteraient faire le point sur leur consommation ou trouver de l’aide et d’un autre côté, d’informer, de guider et de mettre en réseau les professionnel.le.s de la santé, de la réduction des risques et des assuétudes et toutes celles et ceux qui peuvent être confronté·e·s à cette problématique.
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